Témoignage de Chrystel

enfantsTHUY nous a fait le magnifique cadeau de fixer notre premier rendez-vous à une pagode dans la campagne . Il s’y déroule une célébration pour le passage en classe supérieure d’environs 300 élèves.Lumignons, bonzes, encens, chants dans la touffeur de la nuit… la soirée est magique.
Ce n’est rien comparé à ce qui nous attend le lendemain, LA rencontre :THUY nous rejoint à l’hôtel où nous commençons autour d’un café par discuter du déroulement de la journée. Nous irons visiter les familles de nos 2 filleuls puis nous les emmènerons faire des courses. Nous voici en taxi pour un trajet de 15 minutes en direction de la campagne des environs de Hué. Non loin de la pagode « de la Dame Céleste », nous atteignons un des villages des Sampaniers.Les maisons sont assez rapprochées au détour de rues poussiéreuses. Elles sont en parpaing non enduit, il manque des fenêtres et des portes et le toit est en tôle. Elles ne sont pas finies, sauf quelques exceptions.Premier arrêt à la maison de notre plus jeune filleul.
Tout le monde – la famille et des voisins sans doute – est sur le pas de la porte. Première boule dans la gorge quand j’aperçois Luc droit comme un i qui ne bronche pas. C’est très émouvant de le retrouver « en vrai » après ces années à recevoir des photos, des lettres. Il ne sourit presque jamais. Avec ses frères et sœurs ils vivent avec leurs grands parents très âgés . La mère est morte et le père les a abandonnés .Nous sommes accueillis à l’intérieur et discutons grâce à Thuy qui assure les traductions. Nous avons amené une grosse enveloppe contenant les courriers des autres parrains et Thuy fait la distribution en commentant. Concernant Luc, la discussion tourne principalement sur l’école, son travail et le comportement. Thuy nous raconte quelques bêtises à l’école et le sermonne. Cette indiscipline nous rassure.

On sent que Thuy est très écoutée et respectée. On se quitte provisoirement en emmenant Luc. Nous parcourons quelques centaines de mètres suivis par une cohorte de gamins pour arriver à la maison de Minh qui affiche une mine réjouie. La maison est un peu mieux et l’enfant parait plus épanoui sans doute grâce au fait, que lui, il a de l’amour parental. Minh souvent lové contre moi, cherche le contact. Nous sommes accueillis très chaleureusement ici aussi, assis en rond sur une natte nous discutons, prenons des photos et Minh nous montre ses cahiers parfaitement tenus.

Au mur, sont accrochées ses récompenses scolaires. Il est très méritant. Nous le félicitons chaudement.Je demande à la maman de Minh de me faire visiter la maison. Ce qui frappe en dehors de l’aspect brut des murs (c’est du parpaing aussi) c’est l’absence de mobilier en dehors de 2 lits il n’y a pas grand-chose. L’arrière de la maison surplombe directement un égoût. Toutes les saisons sont difficiles ici à cause du manque d’isolation.Après avoir expliqué aux familles que nous partions faire des courses, nous embarquons nos « deux petits » dans le taxi pour le centre de Hué. Les choses ont évolué ici, alors que je m’étais imaginée une virée au marché Dong Ba, Thuy nous emmène dans un supermarché qui n’a rien à envier aux nôtres.Les enfants sont invités à choisir des fruits , gâteaux et friandises ainsi que des vêtements.
Nous procédons à un « ravitaillement » pour la famille de Luc qui, selon Thuy, manque cruellement de nourriture. L’ambiance est plus détendue, c’est une première pour les enfants : ce grand magasin où on choisit ce que l’on veut est magique ! Nous traversons ensuite la route pour nous rendre dans un magasin de vélo. Minh nous en avait fait la demande il y a quelques mois. En accord avec Thuy et le conseil du marchand, Il choisit un beau vélo qu’il va essayer fièrement dans la rue. C’est sa grande sœur qui ramène l’engin car Minh est trop jeune pour circuler en ville. Il l’utilisera à la campagne pour aller à l’école.

veloDe retour vers le village nous doublons la jeune fille déjà loin à bicyclette. Quel courage ! Il fait vraiment très chaud, et nous occidentaux, n’aurions pas été bien loin. Dans la voiture, les enfants nous offrent 2 magnets achetés en douce au supermarché. Ils sont adorables !Premier arrêt dans la maison de Luc où nous débarquons nos cartons contenant des gros sacs de riz, des nouilles, de l’huile etc…. Nous remettons une enveloppe avec de l’argent à la grand-mère car c’est elle qui gère les dépenses. Puis vient le moment de se quitter. Cette vielle femme au visage parcheminé, les dents laquées de noir m’enserre en égrenant des paroles… C’est le moment le plus émouvant de la rencontre….Nous filons chez Minh pour leur dire adieu et leur remettre également une enveloppe garnie.Tout le monde se rassemble devant la maison avec Minh dont le vélo vient d’arriver. Il pose fièrement et nous le mitraillons de photos. Je communique par gestes avec la maman, qui touche son front puis son cœur : nous penserons l’une à l’autre…Nous quittons le village avec de grands gestes de la main de part et d’autres en nous promettant de revenir.

Je ne peux qu’encourager les parrains à créer un vrai lien avec leur filleul (certains ne reçoivent jamais de courrier alors qu’ils sont dans une très grande attente) et, pour ceux qui le peuvent, à se rendre sur place pour vivre cette expérience extraordinaire qui pour nous a constitué LE temps fort du voyage. Arrivés avec des filleuls, nous repartons avec une famille élargie.

Encore un très grand merci à Thuy qui donne énormément à ses protégés : amitié, autorité, tendresse, conseils, réconfort et beaucoup de temps.  »
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Un témoignage très représentatif de ce que vivent tous les parrains/marraines qui ont la chance de se rendre auprès de leur filleul.

Chrystel